La différence entre l’information et le conseil juridique
En tant qu’intervenante, membre d’un organisme communautaire juridique ou non juridique, vous vous trouverez souvent amenée à offrir de l’information juridique à votre clientèle. Cependant, la loi ne vous permet pas d’offrir des conseils juridiques.
La ligne entre l’information et les conseils juridiques est très fine. Pour cette raison, le Portail juridique a pour but de vous aider à avoir une meilleure compréhension des limites qui s’appliquent lorsque vous donnez des informations juridiques. Nous précisions ici la définition de l’information et du conseil juridique. Nous allons aussi identifier les outils et ressources utiles pour vous permettre de bien donner de l’information juridique.
Consultez notre infographie pour en apprendre plus sur la différence entre l’information et le conseil juridique ici.
L’importance d’offrir des services d’information juridique
Le manque d’accès au système de justice est l’un des problèmes sociaux urgents aujourd’hui au Canada. Cette crise d’accès à la justice au Canada s’explique entre autres par le coût élevé des services juridiques. En effet, ce n’est pas tout le monde qui peut se permettre les services d’un ou d’une avocate, qui sont très dispendieux. Bien qu’il soit possible de se représenter à la cour sans l’aide d’un ou d’une avocate, le système de justice est très complexe et difficile à naviguer.
Au Canada, près de la moitié de la population adulte fera face à un grave problème juridique sur une période de trois ans[1]. Une personne informée quant aux procédures des tribunaux et aux lois en vigueur aura moins tendance à ignorer son problème juridique. Un problème ignoré pourrait porter atteinte à une personne à la fois juridiquement, financièrement ou à la santé d’une personne. L’orientation d’une personne vers des ressources et services existants lui permettra d’être plus appuyée, renseignée et confiante de se représenter elle-même.
L’information permet d’aider à naviguer le système judiciaire. En tant qu’intervenante, vous pouvez aider une cliente à comprendre les étapes de la cour, trouver les formules juridiques appropriées, savoir ou se rendre, comprendre le langage juridique et encore plus. Cet accompagnement permet à la femme d’avoir accès aux informations nécessaires et d’éviter de tourner en rond dans le système judiciaire. Le travail d’une intervenante vous permet de contribuer à l’accès à la justice.
La différence entre l’information et le conseil juridique
L’information juridique est une réponse générale à une question générale du droit. Ces informations générales ne sont pas adaptées à une situation particulière ou à une personne particulière. Ce sont des renseignements sur les recours possibles d’une affaire ainsi que les aspects procéduraux et administratifs qui s’appliquent[2].
Informations générales sur le droit
Offrir de l’information juridique, c’est vulgariser le droit.
Exemple : Une intervenante qui explique à sa cliente ce qu’est le « test du meilleur intérêt de l’enfant » et lui cite les facteurs sur lesquels la cour se base pour déterminer le meilleur intérêt de l’enfant offre de l’information juridique.
Explication : Il ne s’agit pas de conseils juridiques, car ces explications pourraient aisément être données à une autre femme sans avoir besoin de les modifier.
Un conseil juridique est donné en réplique à une situation de fait particulière et en considérant les droits applicables aux personnes impliquées. C’est un avis personnalisé sur la manière dont le droit s’applique à une situation donnée, des circonstances particulières à chaque personne à la lumière des faits.
Les conseils juridiques
Exemple : Une intervenante qui explique à sa cliente ce qu’est le « test du meilleur intérêt de l’enfant » et lui explique les facteurs sur lesquelles la cour se base en se fondant sur la situation familiale de sa cliente, offre des conseils juridiques.
Explication : Même s’il n’y a pas d’analyse précise de la loi, l’application des facteurs en rapport aux faits précis de la personne dépasse les limites de l’information juridique. Si ces mêmes explications ne peuvent pas être données à une autre femme qui vit une situation différente, il s’agit de conseils juridiques.
Fournir de l’aide à une personne pour remplir une formule de cour et orienter cette personne sur la manière de répondre aux questions sur la formule, est un conseil juridique. Expliquer chacune des sections et leurs objectifs sont de l’information.
Mise en situation
Jasmine se présente en maison d’hébergement et indique qu’elle a dû quitter son appartement. Au cours de la discussion avec son intervenante, elle mentionne qu’elle est mariée à Charles depuis 8 ans, mais qu’elle l’avait quitté il y a 4 mois, car il était devenu violent avec elle. Elle mentionne qu’elle a dû quitter le foyer familial et louer un appartement. Depuis son départ, Charles l’appelle constamment et a même retrouvé sa nouvelle adresse et se présente chez elle tous les jours depuis maintenant 3 semaines. Jasmine précise qu’elle a dû quitter la ville et son travail, car elle ne se sentait plus en sécurité chez elle. Elle n’est pas certaine d’avoir les fonds nécessaires pour continuer à payer l’appartement. Elle demande à son intervenante le processus qu’elle doit suivre pour demander le divorce.
L’offre de l’information et des conseils juridiques
Qui peut offrir de l’information juridique?
Qui peut offrir des conseils juridiques?
Quelles sont les conséquences d’offrir des conseils juridiques sans autorisation?
Vous exercez le droit illégalement si vous offrez des conseils juridiques sans être une avocate ou une parajuriste autorisée.
L’offre de conseils et de services de représentation juridique est régie par le Barreau de l’Ontario pour protéger le public. En effet, les personnes autorisées à offrir des conseils et des services de représentation doivent :
Le barreau peut recevoir les plaintes du public contre une avocate ou parajuriste titulaire de permis. Des mesures disciplinaires peuvent être prises si le barreau juge qu’il y a eu un manquement au devoir professionnel.
Le barreau peut poursuivre les gens qui pratiquent le droit illégalement. Offrir des conseils juridiques sans en avoir le droit peut avoir des conséquences néfastes pour les femmes, y compris :
Outils et ressources utiles
[1] https://www.justice.gc.ca/fra/sjc-csj/acces-access/index.html